qu’elle ne savait point les routes de la forêt ; mais elle se flatta que les dieux la conduiraient à bon port ; et après leur avoir fait quelques petits sacrifices, elle dit qu’elle voulait qu’on fît une grande chasse, et que tout le monde y vînt, qu’elle monterait dans son char, que chacun irait par différentes routes pour ne laisser aucunes retraites aux bêtes sauvages. Ainsi l’on se partagea. La jeune reine, qui croyait bientôt revoir son époux, avait pris un habit très avantageux ; sa capeline était couverte de plumes de différentes couleurs, sa veste toute garnie de pierreries et sa beauté qui n’avait rien de commun, faisait paraître une seconde Diane.
Dans le temps qu’on était le plus occupé du plaisir de la chasse, elle lâcha la bride à ses chevaux, et les anima de la voix et de quelques coups de fouet. Après avoir marché assez vite, ils prirent le galop, et ensuite le mors aux dents ; le chariot semblait traîné par les vents, les yeux auraient eu peine à le suivre ; la pauvre reine se repentit, mais trop tard, de sa témérité : « Qu’ai-je prétendu ? disait-elle ; me pouvait-il convenir de conduire toute seule des chevaux si fiers et si peu dociles ? Hélas ! que va-t-il m’arriver ? ah ! si le roi me croyait exposée au péril où je suis, qui deviendrait-il, lui qui m’aime si chèrement, et qui ne m’a éloignée de sa ville capitale que pour me mettre en plus grande sûreté ? Voilà comme j’ai répondu à ses tendres soins ; et ce cher enfant que je porte dans mon sein va être aussi-bien