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LA BICHE

étaient d’or, leurs couvertures de velours et de brocard en broderie de perle ; c’était un embarras sans pareil dans les rues, tout le monde était accouru pour le voir. Le roi et la reine allèrent au-devant de lui, tant ils étaient aises de sa venue. Il est inutile de parler de la harangue qu’il fit, et des cérémonies qui se passèrent de part et d’autre, on peut assez les imaginer ; mais lorsqu’il demanda à saluer la princesse, il demeura bien surpris que cette grâce ne lui fût point accordée : « Si nous vous refusons, lui dit le roi, seigneur Becafigue, une chose qui paraît si juste, ce n’est point par un caprice qui nous soit particulier ; il faut vous raconter l’étrange aventure de notre fille, afin que vous y pre Diez part.

« Une fée, au moment de sa naissance, la prit en aversion, et la menaça d’une très-grande infortune, si elle voyait le jour avant l’âge de quinze ans : nous la tenons dans un palais où les plus beaux appartemens sont sous terre. Comme nous étions dans la résolution de vous y mener, la fée Tulipe nous a prescrit de n’en rien faire. — Eh quoi, sire, répliqua l’ambassadeur, aurai-je le chagrin de m’en retourner sans elle ? vous l’accordez au roi mon maître pour son fils, elle est attendue avec mille impatiences : est-il possible que vous vous arrêtiez à des bagatelles comme sont les prédictions des fées ? Voilà le portrait du prince Guerrier que j’ai ordre de lui présenter ; il est si ressemblant, que je crois le voir lui-même lors-