caché pendant quinze ans ; il voulait attraper quelque dupe ; c’est sur nous que le sort est tombé, mais il n’est pas impossible de s’en venger.
— Quels outrages ! s’écria la fausse princesse : ne suis-je pas bien malheureuse, d’être venue sur la parole de tels gens ? Voyez que l’on a grand tort de s’être fait peindre un peu plus belle que l’on est : cela n’arrive-t-il pas tous les jours ? Si pour tels inconvéniens les princes renvoyaient leurs fiancées, peu se marieraient. »
Le roi et le prince, transportés de colère, ne daignèrent pas lui répondre : ils remontèrent chacun dans leur litière ; et sans autre cérémonie, un garde du corps mit la princesse en trousse derrière lui, et la dame d’honneur fut traitée de même : on les mena dans la ville par ordre du roi ; elles furent enfermées dans le château des Trois-Pointes.
Le prince Guerrier avait été si accablé du coup qui venait de le frapper, que son affliction s’était toute renfermée dans son cœur. Lorsqu’il eut assez de force pour se plaindre, que ne dit-il pas sur sa cruelle destinée ! Il était toujours amoureux, et n’avait pour tout objet de sa passion qu’un portrait. Ses espérances ne subsistaient plus, toutes les idées si charmantes qu’il s’était faites sur la princesse Désirée, se trouvaient échouées il aurait mieux aimé mourir que d’épouser celle qu’il prenait pour elle ; enfin jamais désespoir n’a été égal au sien, il ne pouvait plus souffrir la cour, et il résolut, dès