Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/651

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leur dit : « Je vous suis obligé, aimables étrangers, d’être venus aujourd’hui, votre présence me fait un plaisir sensible. » En achevant ces mots, il entra avec eux dans un grand salon où les musiciens jouaient de toutes sortes d’instruments, et plusieurs tables servies splendidement ne laissaient rien à souhaiter pour la bonne chère.

La reine mère vint, accompagnée de sa future belle-fille, de l’amirale Rousse et de toutes les dames, entre lesquelles on amenait la pauvre reine liée par le cou avec une longe de cuir, et les trois chiens attachés de même. On la fit avancer jusqu’au milieu du salon, où était un chaudron plein d’os et de mauvaise viande que la reine mère avait ordonnée pour leur dîner.

Quand Belle Étoile et les princes la virent si malheureuse, bien qu’ils ne la connussent point, les larmes leur vinrent aux yeux ; soit que la révolution des grandeurs du monde les touchât, ou qu’ils fussent émus par la force du sang qui se fait toujours ressentir. Mais que pensa la mauvaise reine d’un retour si peu espéré et si contraire à ses desseins ? Elle jeta un regard furieux sur Feintise, qui aurait voulu voir ouvrir la terre pour s’y précipiter.

Le roi présenta les beaux enfants à sa mère,