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L’OISEAU BLEU.

royal qu’elle tenait de votre main, pendant que j’étais chargée de chaînes et de fers. — Vous avez vu Truitonne en cet équipage, interrompit le roi ; sa mère et elle ont osé vous dire que ces joyaux venaient de moi ? Sachez qu’abusant de votre nom, elles m’ont engagé d’enlever cette laide Truitonne ; mais aussitôt que je connus mon erreur, je voulus l’abandonner, et je choisis enfin d’être Oiseau Bleu sept ans de suite, plutôt que de manquer à la fidélité que je vous ai vouée.

Florine avait un plaisir si sensible d’entendre parler l’Oiseau Bleu, qu’elle ne se souvenait plus des malheurs de sa prison. Le jour paraissait, la plupart des officiers étaient déjà levés, que l’Oiseau Bleu et la princesse parlaient encore ensemble ils se séparèrent avec mille peines, après s’être promis que toutes les nuits ils s’entretiendraient ainsi.

Le lendemain l’Oiseau Bleu retourna dans son royaume ; il fut à son palais ; il entra dans son cabinet par une vitre brisée, et il en apporta les plus riches bracelets que l’on eût encore vus.

La nuit suivante, l’Oiseau ne manqua pas d’apporter à sa belle une montre d’une grandeur raisonnable, qui était dans une perle : l’excellence du travail surpassait celle de la matière.

Dès que le jour paraissait, l’oiseau volait dans le fond de son arbre, où des fruits lui servaient de nourriture ; quelquefois encore il chantait de beaux airs, sa voix ravissait les passants : ils l’entendaient et ne voyaient personne ; de là on pensait que c’étaient des esprits. Cette opinion