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L’OISEAU BLEU.

devint si commune, que l’on n’osait entrer dans le bois : on rapportait mille aventures fabuleuses qui s’y étaient passées ; et la terreur générale fit la sûreté particulière de l’Oiseau Bleu.

Il ne se passait aucun jour sans qu’il fît un présent à Florine ; tantôt un collier de perles, ou des bagues des plus brillantes, et des mieux mises en œuvre, des attaches de diamants, des poinçons, des bouquets de pierreries qui imitaient la couleur des fleurs, des livres agréables, des médailles ; enfin, elle avait un amas de richesses merveilleuses elle ne s’en parait jamais que la nuit pour plaire au roi.

Deux années s’écoulèrent ainsi sans que Florine se plaignît de sa captivité. Cependant la malicieuse reine, qui la retenait si cruellement en prison, faisait d’inutiles efforts. pour marier Truitonne ; elle envoyait des ambassadeurs la proposer à tous les princes dont elle connaissait le nom : dès qu’ils arrivaient, on les congédiait brusquement. S’il s’agissait de la princesse Florine, vous seriez reçus avec joie, leur disait-on ; mais pour Truitonne, elle peut rester fille sans que personne s’y oppose. À ces nouvelles, sa mère et elle s’emportaient de colère contre l’innocente princesse qu’elles persécutaient. Quoi ! malgré sa captivité, cette arrogante nous traversera toujours ? disaient-elles. Quel moyen de lui pardonner les mauvais tours qu’elle nous fait ? Il faut qu’elle ait des correspondances secrètes dans les pays étrangers : c’est tout au moins une criminelle d’État ; traitons-la sur ce pied, et cherchons tous les moyens possibles de lui nuire.