Page:Aulnoy - Les contes choisis, 1847.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
45
LE RAMEAU D’OR

vingtaine de longs serpents tous en vie. Ô ! que la princesse eut de peur ! qu’elle regretta dans ce moment son berger, ses moutons et son chien ! Elle ne pensa qu’à fuir ; et sans dire mot à ce terrible homme, elle courut vers la porte ; mais elle était couverte de toiles d’araignées. Elle en leva une, et elle en trouva une autre, qu’elle leva encore, et à laquelle une troisième succéda ; elle la lève, il en paraît une nouvelle, qui était devant une autre ; enfin ces vilaines portières de toiles d’araignées étaient sans compte et sans nombre. La pauvre princesse n’en pouvait plus de lassitude ; ses bras n’étaient pas assez forts pour soutenir ces toiles. Elle voulut s’asseoir par terre afin de se reposer un peu, elle sentit de longues épines qui la pénétraient. Elle fut bientôt relevée, et se mit encore en devoir de passer ; mais toujours il paraissait une toile sur l’autre. Le méchant vieillard, qui la regardait, faisait des éclats de rire à s’en engouer. Á la fin il l’appela, et lui dit : « Tu passerais là le reste de ta vie sans en venir à bout ; tu me sembles jeune et plus belle que tout ce que j’ai vu de plus beau ; si tu veux, je t’épouserai ; je te donnerai ces douze chats que tu vois pendus au plancher, pour en faire tout ce que tu voudras, et ces douze souris qui sont sur cette table, seront tiennes aussi. Les chats sont autant de princes, et les souris autant de princesses. Les friponnes, en différents temps, avaient eu l’honneur de me plaire (car j’ai toujours été aimable et galant) ; aucune d’elles ne voulut m’aimer. Ces princes étaient mes rivaux, et plus heureux que moi. La jalousie me prit ; je trouvai le moyen de les attirer ici, et à mesure que je les ai attrapés, je les ai métamor-