Page:Aulnoy - Les contes choisis, 1847.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
LA BONNE PETITE SOURIS.

de pain noir. Elle devint plus maigre qu’un hareng : elle n’avait plus que la peau et les os.

Un soir qu’elle filait (car le méchant roi qui était fort avare, la faisait travailler jour et nuit), elle vit entrer par un trou une petite souris, qui était fort jolie. Elle lui dit : Hélas ! ma mignonne, que viens-tu chercher ici ? Je n’ai que trois pois pour toute ma journée ; si tu ne veux jeûner, va-t’en. La petite souris courait de-çà, courait de-là, dansait, cabriolait comme un petit singe ; et la reine prenait un si grand plaisir à la regarder, qu’elle lui donna le seul pois qui restait pour son souper. Tiens, mignonne, dit-elle, mange, je n’en ai pas davantage, et je te le donne de bon cœur. Dès qu’elle eut fait cela, elle vit sur sa table une perdrix excellente, cuite à merveille, et deux pots de