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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE II


m'a fallu vendre cette fille. Je parierais que maintenant elle va dire à ses amies et à ses parentes : « Qui de vous, dans sa jeunesse, a obtenu de son mari ce que moi, vieille femme, je viens d'obtenir du mien? je l'ai contraint à chasser sa maîtresse. » Voilà ce qu'on dira ; et propos de courir sur mon compte, malheureux !

Outre l'infériorité de la pièce latine pour le style et pour la pensée, je suis étonné que Cécilius , rencontrant dans son modèle des traits pleins de naturel et de comique et pouvant les reproduire, n'ait pas essayé de le faire ; il néglige ces beautés comme indignes de plaire, et les remplace par des bouffonneries : ainsi il laisse de côté, je ne sais pourquoi, un passage de Ménandre où le tableau de la vie humaine est reproduit avec une simplicité, une vérité, un charme parfaits. C'est lorsque le vieux mari, s'entretenant avec un autre vieillard, son voisin, maudit en ces termes l'orgueil de sa riche épouse :


LE MARI


Oui, Lamia, j'ai épousé une riche héritière : ne te l'avais-je pas dit ?