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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


de l’ancien grec, dont Élius croyait trouver la racine dans le latin même, comme si ce mot en fût dérivé, et qu’il décomposait en deux autres mots latins. Je cite le passage même de Varron : « Je me rappelle que mon maître Élius, l’homme le plus érudit de notre temps, tomba plus d’une fois dans cette erreur. En effet, ignorant l’origine grecque de quelques mots latins, il en a donné l’étymologie comme s’ils eussent appartenu à notre langue. Par exemple, le mot latin lepus, lièvre, ne vient pas, comme il le dit, de levipes, aux pieds légers, mais bien d’un ancien mot grec. Beaucoup, en effet, de ces mots anciens de la langue grecque sont oubliés aujourd’hui, parce qu’ils sont remplacés par d’autres. C’est ainsi que beaucoup de grammairiens ignorent que les mots Graecus, Grec ; puteus, puits ; lepus, lièvre, sont dérivés de mots grecs anciens, parce qu’on dit aujourd’hui Ἕλλην, φρέαρ, λαγωός. Du reste, non seulement je ne veux pas faire ici le procès d’Élius, mais au contraire je loue son esprit ingénieux ; car le succès est l’œuvre du hasard, l’essai seul est digne d’éloge. » Voilà ce qu’écrivait Varron au commencement du livre sur l’Étymologie des mots ; ses observations sur l’origine des mots et sur l’usage des deux langues sont aussi justes que sa critique est pleine de bienveillance pour son maître Élius. Lui-même, toutefois, à la fin de ce livre, prétend que fur, voleur,