Page:Aunet - Voyage d’une femme au Spitzberg, 1872.pdf/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
AU SPITZBERG.

poser une longue planche entre la porte du magasin et le pont du navire pour établir un va-et-vient. Cela peut être très-commode pour les matelots, mais c’est assurément fort laid ; car cette plate-forme interdit la circulation sur le port et prive le voyageur de la seule vue belle, même à Hammerfest, la vue de la mer.

Pendant les mois d’été, les navires étrangers arrivent en assez grand nombre dans le petit port ; les Russes et les Hollandais s’y montrent en majorité ; ils apportent à peu près tout ce qui se consomme et s’use à Hammerfest. Les Russes sont chargés de farine, de beurre, de bois ; les Hollandais amènent des pommes de terre, du vin, des denrées coloniales ; quelques bâtiments de Hambourg font le commerce des étoffes, du savon et des meubles. Parmi les marins, les Russes se font remarquer par leur physionomie particulière ; ils produisent un contraste marqué avec les habitants du Finmark, qui semblent souffrir plus qu’eux des rigueurs de leur horrible climat ; les matelots russes sont généralement grands, blonds, vigoureux, barbus et colorés ; les Norwégiens sont frêles, laids, pâles, ont les cheveux clairs et la barbe rare. Le caractère des deux peuples diffère également : les Russes passent pour intelligents, actifs et gais ; les Norwégiens m’ont paru lents, bavards, curieux, et, quoique ne volant jamais, cherchant toujours à tromper, ce qui, chez les marchands, ne passe pas pour être la même chose.

Les trois mois d’été, ou plutôt les trois mois de clarté, sont pour le marchand d’Hammerfest le moment où il doit réaliser son bénéfice de toute l’année