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AU SPITZBERG.

fabriquent un certain nombre de petits meubles et d’ustensiles à leur usage ; ils sculptent le bois de sapin en coffres et en cuillers, le bois de bouleau en boîtes où ils renferment le beurre. Ils font des manches de couteaux et des supports de chenets en corne de renne. Les femmes piquent adroitement les ceintures et les bordures des blouses ; elles ornent aussi, avec un goût qui a une certaine saveur primitive, les harnais de fête de leurs rennes. Presque tous savent construire un traîneau ou faire des patins. Rien n’est plus étrange que de voir un Lapon adaptant à ses pieds ces patins infiniment plus longs qu’il n’est haut. Ces patins ont de six à sept pieds de longueur ; ils ont la forme d’une planche étroite recourbée des deux bouts, sur laquelle le pied est retenu vers le milieu par une courroie ; la planche est recouverte d’une peau de phoque, dont la fourrure a une extrême analogie avec la peau tigrée du léopard. Cette fourrure courte et roide permet de faire glisser les patins sur la neige avec une étonnante rapidité.

Comme les Scythes, leurs ancêtres probables, les Lapons n’ont aucune notion d’agriculture ; ce sont des Cosaques à pied ; ils vivent errants, sous leur tente, les uns pasteurs de rennes, les autres pêcheurs de phoques. Un petit nombre de ces derniers s’est, depuis quelques années, fixé à Hammerfest, et leurs misérables cabanes forment la dernière catégorie des habitations de la ville, si l’on peut appeler habitations des huttes de forme conique dont la base s’enfonce assez profondément dans le sol ; cela m’a paru construit avec de vieux débris de navire et de la mousse foulée recouverte de terre. S’il m’est pos-