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AU SPITZBERG.

venir profond, avait un autre nom que celui de Froberg : il s’appelait Louis-Philippe d’Orléans ; son compagnon Muller se nommait M. de Montjoye.

Le bon père Ullique resta toute sa vie sous l’émotion rétrospective de l’honneur fait à sa maison, et ses sentiments d’admiration et de sympathie pour le prince d’Orléans le firent élever son fils dans les sentiments les plus enthousiastes pour tout ce qui porte le nom français.

Le prince d’Orléans, devenu roi des Français, n’avait pas non plus oublié la cordiale réception de la famille du marchand d’Havesund, et nous étions chargés d’en consacrer le souvenir, en offrant à M. Ullique un fort beau buste en bronze, portrait et présent du roi des Français.

La famille norwégienne était dans le ravissement.

L’inauguration du buste se fit avec une certaine solennité, au bruit de vingt et un coups de canon, tirés à bord du bateau à vapeur, des étourdissants hourras des Norwégiens venus de tous côtés et des pétillements du vin de Champagne, dont les bouchons sautaient de toutes parts.

M. Ullique a cinq filles blondes et roses, qui aidaient fort gracieusement leur mère à faire les honneurs de cette petite fête. Les jeunes filles me firent voir la maison dans le plus grand détail, puis me menèrent dans une sorte de petit jardin-serre, moitié abrité, moitié couvert, où on était parvenu à force d’artifices à faire pousser quelques petites fleurs. Je ne craignis pas de dépouiller ce trésor de l’horticulture polaire, afin de tresser une couronne qui devait être déposée par nous sur la tête du roi.