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AU SPITZBERG.

plus infatigables explorateurs des régions polaires.

En descendant à terre, l’équipage tua un ours de neuf pieds de long, et Heemskerke appela l’île Beeren-Eiland à cause de cette circonstance. Le 17 août 1603, Étienne Bennet, Anglais commandant le navire the Grace, aborda à Beeren-Eiland, et changea son nom en celui d’île Cherry, du nom de master Cherry, propriétaire de la Grâce.

Cherry ou Beeren-Eiland, pour lui rendre son premier nom, paraît avoir été autrefois le rendez-vous général des morses de l’océan Glacial, puisque Welden raconte que, dans l’été de 1608, son équipage tua sur les côtes de cette île plus de mille morses, dont on fit sur place de l’huile qu’on porta en Angleterre.

Jamais, dans leurs différentes expéditions, les Français n’avaient abordé à Cherry ; nos navires l’avaient toujours trouvée entourée de plusieurs lieues de glaces, au milieu desquelles il était impossible de se frayer un passage. Cette année, la longueur de l’hiver, en retardant le dégel au Spitzberg, a laissé la mer libre et permis qu’on arrivât jusqu’aux côtes escarpées de l’île. Beeren-Eiland n’a ni golfe ni baie propre au mouillage des gros navires ; elle a, par contre, une très-redoutable ceinture d’écueils. Le capitaine, instruit de ces deux circonstances, mit la corvette en panne à une distance prudente, et permit seulement à deux chaloupes d’aller explorer cette terre inconnue. Je ne pris point part à cette expédition, et restai sur le pont admirant l’étrange et magnifique aspect de la côte.

De loin l’île ressemble à une enceinte fortifiée par