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AU SPITZBERG.

qui affirme avoir touché l’essieu du pôle à Sukajerfi, en Laponie, par le 67° de latitude, c’est-à-dire treize degrés plus au sud que la baie Madeleine !

Ce rocher est la seule trace visible de notre séjour ; mais les cartes de géographie augmentées de côtes soigneusement relevées, les musées enrichis d’animaux, de plantes et d’échantillons minéralogiques, font foi qu’il n’a pas été mal employé. Je n’entreprendrai pas de vous communiquer le résultat des observations faites sur les oscillations de l’aiguille magnétique ; ceci est le domaine de la science, non le mien ; je me bornerai seulement à vous rappeler que nous nous trouvions éloignés d’environ 10° de latitude du lieu où le commandant Ross place le pôle magnétique, qu’il dit être par 70° 5′ 17″ de latitude, et 96° 46′ 45″ de longitude ; il le constata en 1832, lors de cette terrible expédition où il passa sous ces latitudes quatre années, pris dans les glaces, sans que jamais la température permît au vaisseau de reprendre la mer. Si pareil malheur lui fût arrivé au Spitzberg, où le froid est plus intense, où les secourables Esquimaux ne se rencontrent pas, aucun homme ne serait probablement revenu de cette expédition, et le monde aurait à regretter deux de ses plus illustres voyageurs.

Les hydrographes avaient une large carrière à leurs travaux : côtes à relever, hauteurs à prendre, montagnes à dessiner, l’occupation ne leur manquait pas. Les naturalistes et les botanistes étaient moins heureux : on draguait à outrance pour ne conquérir que quelques zoophytes pareils à des morceaux de cristal, vraies pierreries de la mer qu’il fallait s’empres-