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VOYAGE D’UNE FEMME

Géographiquement parlant, on nomme Laponie tout le pays compris entre le fond du golfe de Bothnie et le cap Nord ; quelques voyageurs, Regnard en tête, la font même commencer à Luléa, sur la côte ouest du golfe. Tout ce pays est, si je puis m’exprimer ainsi, la Laponie de nom et pas la Laponie de fait ; car les Lapons ne l’habitent pas. Du côté de la mer Baltique, on trouve des Finlandais ; du côté de la mer du Nord, on trouve ces habitants du Finmark au milieu desquels je vous ai conduit. Ceci n’empêche pas qu’on ne voie des Lapons à Tornéä ou sur les côtes du Finmark ; mais alors ils y sont en voyageurs pour faire des échanges avec les Russes ou les Norwégiens. La Laponie proprement dite est un immense désert marécageux où les oasis sèches sont rares, où la végétation est presque nulle ; vue à vol d’oiseau, elle doit ressembler à une plaine profondément labourée, dont chaque sillon forme une irrigation ; les collines y sont en petites chaînes basses, et toujours séparées entre elles par un lac, une rivière ou un marais. C’est cette abondance d’eau qui rend la traversée du pays si difficile pendant l’été ; l’hiver venu, les rivières se gèlent les marais se durcissent, et la Laponie est alors une plaine de neige à travers laquelle courent les traîneaux emportés par les rennes avec une vitesse infiniment supérieure à celle de nos chevaux de poste.

Quant à nous, nous ne courions pas la poste au début de notre voyage ; bien au contraire, nous allâmes lentement et péniblement pour gravir ces hautes collines qui entourent le petit lac de Kaafiordal. À mesure que nous avancions, les arbres deve-