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VOYAGE D’UNE FEMME

écrivait et le lit de camp, bas et dur, où il se reposait. Tout dans l’habitation est de la plus austère simplicité : les murs sont nus, les meubles grossiers, faits en bois naturel ; quelques cartes et des outils de charpentier sont accrochés aux murailles ; c’est la retraite d’un solitaire en même temps que le logis d’un ouvrier. Jamais un plus humble toit n’abrita une plus vaste pensée !

Les voyageurs sont tenus d’écrire leurs noms sur un registre placé dans la première pièce ; j’ai mis le mien au bas d’une page où il se trouvait précédé de neuf noms anglais et de six noms allemands. J’espère que les noms français ne sont pas aussi rares dans le reste du volume.

Après Saardam, on va voir Brouk, éloigné seulement de quelques lieues. On m’avait cité Brouk comme la merveille de la Hollande ; à mon sens, ce n’est pas la merveille qu’il eût fallu dire, mais le résumé. En effet, dans ce petit coin de terre, les défauts et les qualités des Hollandais se manifestent dans leur plus complète expression.

Brouk n’est ni une ville ni un bourg, encore moins un village ; c’est une agglomération d’habitations de plaisance construites par des propriétaires assez riches pour satisfaire tous leurs goûts ; en suivant leur penchant, ils sont arrivés à des extravagances de soin, à des aberrations de propreté inimaginables : tant il est vrai qu’il faut redouter l’abus des meilleures choses !

D’abord les rues, mais je ne sais s’il faut appeler cela des rues, puisque les voitures n’y passent pas ; je ne puis pourtant pas non plus dire les allées, puisque le sol se compose d’un pavage de briques artistement