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AU SPITZBERG.

bonne lessive et attirent agréablement les gens fatigués ; ajoutez à cela les repas de bon gibier et de laitage dont on ne manque pas dans ces hospitalières maisons, et vous comprendrez combien je les trouvais confortables, en revenant de mes pénibles expéditions du Spitzberg et de la Laponie. Il est probable même qu’ils ont beaucoup gagné à être comparés à mes récentes misères ; mais, pour ce motif ou pour tout autre, je leur garde un souvenir favorable. L’aisance, chez ces bons paysans suédois, conserve dans ses formes un certain air rustique et original, qui a sa saveur propre pour l’observateur. Ils ne font pas, comme le bourgeois des villes, venir à grands frais des meubles de pacotille, des papiers et des étoffes de mauvais goût, pour orner leurs demeures ; non, leur luxe sort de leurs mains : il est le fruit de leur persévérance et de leur invention. Ordinairement les lits, les tables, les buffets, les chaises, sont recouverts d’une peinture rouge et bleue, émaillée d’étoiles, de soleils ou de fleurs ; sur le haut des meubles, courent, en guise de frise, des cordons d’oiseaux impossibles, ayant seulement un bec et des ailes. Ce genre d’ornementation manque de grâce et non de gaieté ; il s’allie parfaitement avec les grandes couvertures à raies bariolées, avec les plats de verre où se met le lait caillé, avec la vaisselle d’étain ou de terre brune, avec les grands vidercomes d’argent, avec les murailles revêtues de la teinte claire du bois de sapin.

Entre Umeä et Sundswal, l’aspect du pays se modifie ; il s’embellit, de quelques mouvements de terrain, les forêts s’éclaircissent, les arbres prennent de