Page:Aunet - Voyage d’une femme au Spitzberg, 1872.pdf/346

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
334
VOYAGE D’UNE FEMME

modistes parisiennes ont le monopole. Ainsi transformée, j’allai diner chez le consul, où je reçus l’accueil le plus empressé de la part de plusieurs aimables femmes que j’y rencontrai. Elles me firent faire force descriptions sur ces étranges régions arctiques et sur la Laponie, très peu connue des Suédois eux-mêmes. Si je n’eusse été si pressée par la crainte de la saison froide, j’eusse volontiers prolongé mon séjour dans cette hospitalière petite ville de Gèfle ; mais mon désir de visiter les mines de Fahlun nécessitant un détour assez long, je dus me résoudre à résister aux très-pressantes instances qui cherchaient à me retenir. Le lendemain, de grand matin, je m’asseyais de nouveau dans mon mauvais berlingot. À une vingtaine de lieues autour de Gèfle, le paysage est charmant, à la fois fertile et pittoresque ; les champs cultivés sont coupés de beaux grands bois ; les collines entourent des lacs au bord desquels sont posées des habitations de paysans, où respirent la paix et l’aisance. En approchant de Fahlun, le sol s’appauvrit, on gravit des côtes pelées, on traverse des landes arides ; enfin, du haut d’un plateau pierreux, semé de quelques bouquets de sapins, on aperçoit la ville au fond d’une vallée profonde. Des maisons basses, enfumées, sont dominées par l’église et quelques autres édifices, dont les toits, d’un beau vert clair et pur, sont les seules taches de couleur gaie que l’on voie ; cette belle nuance verte est due à l’oxydation égale et parfaite des planches de cuivre qui forment les toitures, La ville est affreuse, noire, couverte d’un ciel de fumée ; dans ses rues étroites s’agite une population hâve, chétive, misérable, étio-