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AU SPITZBERG.

lée par une atmosphère à exhalaisons malsaines.

Quand j’arrivai, il tombait une pluie torrentielle ; le pavé, formé de cailloux pointus, était couvert d’une boue semblable à de l’encre épaisse : on était sali et blessé à chaque pas. Malgré cela et les cascades qui tombaient de tous les toits dépourvus de gouttières, je voulus aller visiter les mines.

Les mines de cuivre de Fahlun sont les plus anciennes de toutes celles de Suède ; le directeur nous parla du treizième siècle. Pendant un long espace de temps elles donnaient un minerai d’une richesse magnifique ; aujourd’hui elles sont à peu près épuisées, et c’est à grand peine qu’on obtient quatre pour cent des matières extraites du fond de leurs abîmes au prix de tant de peines et de dangers. La longue exploitation dont elles ont été l’objet a bouleversé le sol sur un long espace. On arrive à l’entrée des mines par une route taillée en spirale sur le flanc d’une colline élevée. Les excavations nécessaires et les éboulements successifs qui ont eu lieu à différentes époques ont creusée à l’entrée de la mine un gouffre dont on aperçoit à peine le fond, et où l’œil plonge avec effroi à travers des fragments de rochers et d’énormes tas de pierres ; le minerai monte, du fond de ce gouffre au niveau du sol, dans de grands paniers attachés à des cordes et hissés par des poulies. Il y a quelques années, minerai, mineurs et visiteurs prenaient le même chemin ; maintenant on descend d’une manière moins effrayante dans les entrailles de la montagne.

Avant de commencer ce voyage dans le noir, le directeur des mines, un homme poli et obligeant,