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AU SPITZBERG.

tier et escalier s’interrompent, et on les retrouve au bout de la rue parcourue. Les galeries sont hautes, voûtées, soutenues de loin en loin par de larges contre-forts en bâtisse et des poutres entre-croisées ; ces précautions contre les éboulements rassurent imparfaitement, si l’on vient à songer à l’énorme masse de terre qui pèse sur ces voûtes ; on rencontre ainsi un nombre incalculable de paliers et d’articulations. Les mines de Fahlun sont bien différentes de celles de Kaafiord, et me présentaient pour ce motif un autre genre d’intérêt : à Kaafiord l’exploitation est récente, les galeries sont à peine percées, et regorgent de minerai ; à Fahlun, c’est une mine épuisée, où l’homme a multiplié ses efforts pour obtenir un rendement devenu chaque jour plus faible. Dans leur état actuel, les mines de Fahlun présentent, si je puis m’exprimer ainsi, le plus magnifique monument par extraction que la main de l’homme ait jamais pu produire. Figurez-vous un labyrinthe inextricable, immense, de rues obscures qui se croisent, montent, descendent, se rapprochent, s’éloignent, se rencontrent et se fuient ; figurez-vous de temps en temps des carrefours qui sont comme les nœuds de ces routes souterraines et parfois tracent au milieu des ténèbres une espèce d’étoile dont chaque rayon est une galerie perdue profondément dans les terres ; figurez-vous enfin une sorte d’écheveau sombre et effrayant de rues, de corridors, de ponts, de sentiers, d’escaliers et de rampes, dans lequel, même bien accompagné, on frissonne à chaque instant, dans la crainte de ne pas s’y retrouver. À mesure que l’on descend, l’air se raréfie ;