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AU SPITZBERG.

Les autres vitrines sont tout à fait vides. Qui dirait, à voir une de ces belles armoires vernies, dorées, avec ses glaces et ses moulures, qu’elle est sœur jumelle d’un cercueil ? L’une et l’autre s’emplissent le même jour !

Après avoir parcouru la ville, on va visiter le parc du Diurgard, le Neuilly du roi de Suède, placé aussi aux portes de Stockholm ; le roi y passe une partie de la belle saison. Par une coutume qui a quelque chose de patriarcal, le jardin du roi est aussi la promenade du peuple ; point de grilles fermées, de guérites, de sentinelles, de gardes rangés en haie ; si le roi sort, il apparaît comme un promeneur mêlé aux autres promeneurs, devant lequel chacun s’incline avec respect. Le chef de l’État marche sans crainte au milieu de son peuple : une telle confiance honore à la fois un roi et une nation.

Le parc de Diurgard est magnifique ; j’y ai vu des chênes qui m’ont rappelé les chênes de Fontainebleau, des gazons dignes de Saint-James Park, des parterres comme aux Tuileries ; devant l’habitation royale on a placé une vasque de porphyre rouge d’un seul morceau, qui a neuf pieds de diamètre et pèse neuf mille kilogrammes ; elle fut tirée des carrières du sud de la Suède, et on employa deux cents hommes à la transporter. Cette superbe vasque ne serait déplacée devant aucun palais, et elle fait peut-être paraître un peu mesquine la façade bourgeoise de la maison de campagne du roi de Suède.

Si Stockholm possède peu d’églises et de monuments intéressants pour le voyageur, en revanche elle a un grand nombre de salons, dont la plupart s’ou-