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AU SPITZBERG.

tona est danois. À un point de la route se dresse le drapeau portant la grande croix blanche sur le fond de gueules du Danemark ; il marque la frontière des deux pays. Ce drapeau a là une mission géographique, rien de plus ; il n’empêche pas l’union étroite des deux villes. Les habitants d’Altona sont sans cesse à Hambourg ; ils y vendent, achètent, échangent et jouent ; ils y font toute espèce de trafics ; ils n’ont pas d’autre bourse que celle de Hambourg ; en un mot, le peuple d’Altona habite en Danemark, mais il vit à Hambourg. La ville libre a fait sur le royaume une conquête toute morale, plus sûre que bien des conquêtes matérielles.

Près d’Altona, le jardin Boos, le plus beau jardin botanique du Nord, livre à l’admiration des voyageurs ses forêts de géraniums et d’azaléas et ses magnifiques collections de plantes aquatiques et exotiques. On y remarque une abondance inexprimable de ces singulières plantes qui ressemblent plutôt à des insectes et à des reptiles qu’à des végétaux, les unes couvertes de longs poils piquants comme certaines espèces de chenilles, d’autres avec une peau rugueuse qui imite la peau des plus grands lézards. On est tout étonné de voir sortir des fleurs éclatantes de cet étrange et menaçant fouillis.

À une lieue du jardin botanique est situé le petit village d’Ottenzen, où repose Klopstock.

Le cimetière d’Ottenzen n’a de cimetière que le nom. On serait d’abord tenté de le prendre pour un grand bosquet ; il est touffu, paisible, désert, silencieux ; une herbe épaisse y croît de toutes parts et y cache les croix ; les fleurs s’y épanouissent, les oiseaux