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VOYAGE D’UNE FEMME

ment je dois prendre les mesures les plus sévères, quant à ce qui te concerne. »

Ouli-Eiland sourit silencieusement.

« Crois-tu que tu pourrais t’évader ici ?

— Oui, monseigneur.

— En as-tu le projet ?

— Oui, monseigneur.

— Mais si j’use de tout mon pouvoir, si je te fais enchaîner jour et nuit ? »

Ouli-Eiland recommença son sourire tranquille qui contenait un défi.

« J’ai d’autres projets, reprit le gouverneur ; je te laisse entièrement libre dans l’enceinte de la citadelle ; seulement donne-moi ta parole de ne pas t’enfuir. »

Ouli-Diland s’attendait aux dernières sévérités, cette conclusion lui parut inespérée ; il donna sa parole.

Le gouverneur défendit qu’on le surveillât.

Tout alla bien pendant trois mois. Au bout de ce temps, Ouli-Eiland demanda à parler au gouverneur.

« Monseigneur, dit le prisonnier, rendez-moi ma parole, ou je mourrai ; je préfère la captivité la plus dure, la surveillance la plus étroite avec un espoir, à ce lien de ma parole dont je suis esclave et qui me prive de toute chance d’évasion ; faites de moi ce que vous voudrez, mais je reprends mon engagement. »

Le gouverneur vit un parti pris : il n’insista pas ; seulement il se mit en mesure de garder son prisonnier mieux que ses prédécesseurs. Il fit construire