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AU SPITZBERG.

une espèce de cage avec les troncs de petits sapins, peu espacés ; à la porte de la cage, extérieurement, était fixée une grosse sonnette correspondant par des ressorts à chacun des barreaux ; on plaça la cage dans une petite maison de pierre solidement bâtie, autour de laquelle se promenaient sans cesse deux sentinelles ; puis on mit un gardien dans la maison et le prisonnier dans la cage.

Au bout de six semaines Ouli-Eiland était libre.

C’était de cela qu’on s’entretenait à Christiania lorsque j’y passai.

Les collections scientifiques de la capitale de la Norwége sont peu de chose. Lorsque Christian IV rebâtit Opslo et en fit Christiania, la Norwége était danoise et tout allait affluer à Copenhague. La collection de médailles seule est assez complète ; elle possède plusieurs pièces d’or du règne du calife Aroun-al-Raschid. Peut-être quelqu’une de ces pièces d’or, pour venir de Bagdad au fond de la Scandinavie, aura-t-elle effleuré en route la main puissante de Charlemagne !…

Tout arrive aujourd’hui au fond de ce royaume écarté ; tout, modes, journaux, et jusqu’à la charmante musique de nos opéras comiques. On représente à Christiania la Dame Blanche et le Pré aux Clercs, tout aussi passablement que dans beaucoup de préfectures françaises ; et notre admirable Auber n’aurait pas trop souffert à entendre chanter le Domino Noir par ces gosiers scandinaves, qui compensent l’absence d’études suffisantes par la limpidité de leurs notes et la sûreté de leurs intonations ; du reste, ni goût ni expression : beaux instruments livrés à eux-