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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

mêmes, sans ce qui complète le musicien, la bonne méthode.

Les acteurs se montrent vêtus avec une mesquinerie bien compréhensible, lorsqu’on sait qu’un premier sujet gagne rarement à Christiania plus de dix-huit cents francs par an ! Quant à la mise en scène, néant. Ce spectacle, peu attrayant pour les yeux, ne laisse pas d’être organisé de façon despotique. On n’a pas la possibilité de se délasser de la scène en explorant la salle ; car celle-ci est si complètement obscure, que d’abord j’ai cru à un domino noir en lanterne magique. Ce petit lustre à l’huile, qui tremblote au milieu pendant les entr’actes, disparaît tout à fait lorsque la toile se lève, afin de contraindre l’attention du spectateur à se concentrer sur la scène ; l’arbitraire ainsi introduit dans le plaisir, il en résulte qu’on regarde le spectacle par ordre, à moins qu’on ne s’endorme par nécessité.

Je comptais sur cette soirée pour me faire une idée de la fashion norwégienne ; je n’ai pu me former d’opinion ; au premier coup d’œil, les femmes de Christiania m’ont paru assez jolies, — mieux, assez gracieuses, – malgré deux défauts de beauté qui importent aux connaisseurs : les dents gâtées et les oreilles très-grandes : mais on voit de beaux teints, de beaux cheveux et des tailles élégantes pour des tailles du Nord.

Voilà le résumé rapide de ce que j’ai pu voir à Christiania en deux jours ; prenez-le pour ce que cela est, une esquisse, rien de plus. Adieu.