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ÉPOUX
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l’ardeur (plus on va plus on est riche de vie) et vous vivrez la flamme aux yeux[1].

Les rabat-joie qui disent qu’après deux ans l’attrait fléchit sont de pauvres cancres en tendresse qui, à force de balourdises, ont mis deux ans à défaire l’amour.


Trompeur volé.

Quand vous saurez vous soutenir mutuellement en toute circonstance, quand vous aurez appris à parler l’amour et le plaisir plutôt que le grief, c’est-à-dire à rendre possible ce chef-d’œuvre, une famille heureuse, s’il t’arrive, mon ami, de tout galvauder par une surprise, par une bévue des sens en prenant une oseuse, une passante, que je te plains et même si l’aventure est sans suites ! Tu es sensible ; des mois tu mâcheras le dégoût de toi-même et l’amertume en t’éveillant aux côtés de la femme de ta vie. Et jamais plus tu ne monteras quatre à quatre pour serrer plus tôt ton amour contre toi. Tu auras tout empoisonné.

Chez toi garde-toi de parler. Redouble de soins, d’attention pour ta femme. Essaye d’oublier le mal que tu lui fis en toi. Par plus d’égards et de zèle pour elle, lave-toi. Ne désespère pas si tu n’es plus heureux. Les morts même après un temps nous font leur regret moins cuisant et ta jeunesse un jour te reviendra.

Mais si tu gardes ta complice, tu es perdu. Ton ménage est à l’eau. Il n’est plus de famille. Tout

  1. Pour exprimer l’amour intuable, j’ai pris cette expression pour titre d’un essai, en 1936.