Aller au contenu

Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

102
LE NOUVEL ART D’AIMER

Réparerais-tu le sort de ton mari en te faisant crever quelque organe essentiel pour avorter comme fit Mme S… — qui en mourut — afin de ne pas apporter au mari un enfant de la fourbe ?

— « Mais je l’aurais aimé ce malheureux ! », criait le bon mari en la voyant mourir. N’était-il pas de toi ?

Mathilde : « Il disait cela dans la mort de sa femme. Dans la vie il l’eût accablée d’injures. »

— Certes. Je ne dis pas qu’il existe un remède radical ni la rémission plénière de la faute. Je dis le moindre mal que vous puissiez commettre, par les conséquences de votre écart. Le mal irrémissible étant survenu : la tache, je dis ce qui fera le moins de tort et de souillure au mari donc à la famille, et je répète, au cher mari, votre unique ami et seul bien.

Ne voyez ici que le seul moyen d’atténuer l’irréparable et de garder vos forces pour vos enfants.

Votre bonheur est atteint ? Certes.

Vous l’avez bien voulu. Il vous reste à vivre en stoïque ; mais en stoïque, attention, sans raideur, en stoïque suave ; et à payer continûment, surtout sans confident, ma chère et sans vous prélasser comme jadis dans le cœur de l’amour. Soyez la vigie constante de vous-même. On ne peut tout avoir. Vous avez voulu tâter du brasier. Eh bien grillez maintenant, vous dirait la fourmi de La Fontaine.

Le pur bonheur, son goût d’eau fraîche, ses yeux en fleurs ne vont qu’à la fidélité.

Supprimez-vous. Flambez au profit des vôtres, vous vous rachèterez. Et votre mari reverra en vous