tude et douleur définitives. Plus faibles que le nouveau-né sans être, comme lui doux à voir, ils ont tout donné. Place à eux, qui, sans force, portent le pire. Ils sont la tragédie en marche et le dénouement c’est demain.
Hier avant d’atteindre leur âge de débâcle, ils étaient magnifiques.
À Samoëns (Savoie), je vis une lutte singulière à la corde entre gens de quarante-cinq à cinquante-huit ans (côté des vieux) et les gars de seize à vingt-huit ans (côté des jeunes).
À ma stupéfaction les vieux ont vaincu les vrais jeunes qui, à la preuve, ne l’avaient pas été. C’est que les vieux se disent à l’instant décisif : « Vas-y et gagne ou crève. Nous ne sommes plus assez forts pour nous reposer. » C’est la splendeur morale.
Et comme nous serons plus longtemps vieux que jeunes, ce qu’il faut respecter en eux, après les affronts dont les humains les abreuvent, c’est la tendresse enivrée qu’ils auraient si la plus belle des jeunesses, la vôtre — jeunes parents et grands enfants — savait encore les consulter, les croire aux heures décisives, cruciales où la famille souffre pour se fonder et pour durer.
« Les maisons sans vieux sont maudites », a dit l’Orient. Que l’Occident veuille s’en souvenir.
Puis les vieux savent tout. Eux seuls. Chaque âge apporte à notre champ d’activité une somme nou-