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LE NOUVEL ART D’AIMER

de mot[1]. Et croyez-moi, vos allures cassantes, explosives ne l’attacheront pas jusqu’à l’enchantement qui sillonnait le visage de nos maris quand nous leur souriions en silence à plein cœur.

Vous serez peut-être pour eux « l’ami qui a des hanches » que cherchait Baudelaire ; mais si vous leur montrez cette face de pierre, comment serez-vous la consolatrice qui faisait ce visage transporté de plaisir à notre compagnon quand il rentrait recru par la journée de déceptions, de lutte, et que nous donnions à l’accueil toute sa force de plaisir. Ah croyez-moi, cessez de fracasser les charmes, de bruit, d’éclats de voix ! Le charme est un oiseau. Cessez de l’effrayer.

Ajoutez, ne soustrayez rien à la séduction. Prenez donc aux aînées leur empire sur l’homme et joignez leur attrait au vôtre qui a sa crânerie au lieu de vous en dépouiller — pour changer. Différer c’est haïr, ce n’est qu’une conception de chenille, mais de celle qui ne veut pas devenir papillon.


Et l’infirmière sans la grâce,
près des faibles corps déchirés, la voyez-vous, jeunesse ? ou simplement auprès des cœurs à vif ?

« Vous ne saurez jamais, vous femmes, avec quels gestes de soie il faut aborder notre sensibilité » disait Alfred Mortier.

L’homme délicat l’est tellement plus que nous ! Le rêve lui a fait tant de mal ! Il faut que la grâce en silence étonne sans l’effarer son rêve, qu’elle le berce en le comblant. L’amour est un frémissement,

  1. Connaissez-les plus avant qu’ils ne font.