dans un mystère[1]. Si vous êtes sensible, baissez la voix, Madame, quand il passe.
La grâce lénifie, pacifie ; elle guérit les plaies du corps, du cœur, l’indifférence. Seule elle rend active et bonne la beauté qui, sans elle, n’est qu’une statue barbare à laquelle le monde ne peut que se blesser.
Voyez-vous par exemple ce monstre, l’idole qui ne sait pas remercier, qui prend le don du cœur comme chose courante, et quand l’homme lui dit du fond de sa ferveur en poète éperdu : « Liane, je suis à vous » le voyez-vous le butor féminin, du fond de sa sécheresse impavide qui n’a pas tremblé ni reçu l’offrande de l’homme comme on prie, cette offre d’un cœur courageux puisqu’il ose le don, engage l’avenir dès que parle sa foi ? Voyez-vous le monde privé du merci de la femme, de l’homme, du merci de l’enfant à la vieillesse émue ? Il deviendrait la face de l’enfer, la face froide, la pire.
Est-ce contre cela, contre la mort des grâces que Rainer Maria Rilke a dit : « Le beau c’est le début du terrible. » Ce mot redoutable porte-t-il pas en soi tout le mal que peut faire la beauté sans la grâce ?
Puis la beauté est de partout, internationale par essence. La grâce qui emmène la tendresse est française. C’est la forme spirituelle, donc tolérable de l’ardeur, c’est sa coquetterie.
- ↑ Hanz Ryner. Le Drame d’être deux, écrit avec Aurel.