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LE NOUVEL ART D’AIMER

amoureuse n’auront pas ici leur casier car ils se sont placés du premier coup hors de la vie sentimentale.

Si l’effroi des seuls sévices, des maladies n’en garde pas les oiselles qui sortent seules, pourquoi faut-il qu’elles n’aient pas entendu les cris perçants de ces pauvrettes dans un hôtel de passage autour de la gare Saint-Lazare, d’où j’installai ma dernière maison.

La génération saine le sait bien : C’est tout neufs que Daphnis et Chloé doivent se marier.


Les amants de la rue.

Elle et lui, les amis sans vergogne auxquels un banc suffit pour se tenir les mains et être heureux, ont toute ma sympathie. Ces moineaux francs qu’on voit au retour de Nice en arrivant par la gare de Lyon, le long des Tuileries se tenir sous le bras, à la taille, aux épaules, avec un parfait mépris des passants, ceux-là sont spécifiquement parisiens.

Ces doux effrontés ne voient rien. Ils ne sentent qu’eux-mêmes. Mais ne sachant où les prendre, à la sortie du bureau, de l’atelier, nul ne peut connaître leurs mœurs que nous entrevoyons à la volée. Ils sont la signature de Paris. La province n’aime pas avec cette insolence.

Ils assènent leur dieu au promeneur veuf ou abandonné ou à la vieille fille. Ils les laissent transis de célibat et passent après avoir magnifié la rue. Eux aussi sont sacrés ; ceux-là s’épouseront.


Les amants sans logis.

Ceux-là sans feu ni lieu, lui chez sa mère, elle mal mariée ne peuvent se voir, dignes et peu fortunés,