Page:Aurel - Le nouvel art d'aimer, 1941.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
AMANTS
51

royale. Le Roi fut reconnu à la frontière par Drouet le maître de poste, à cause de sa suite nombreuse et soumis avec les siens à un nouvel emprisonnement. Toute sa vie Fersen n’a cessé de regretter que le Roi eût refusé qu’il les accompagnât. Il aurait voulu être mort à leur côté en les défendant. La duchesse Charlotte écrit à Sophie Piper : « Tout Paris en veut à Fersen. C’est qu’il avait commandé la voiture pour la fuite du Roi dans une remise rue Saint-Honoré. »

Le Roi exécuté, Fersen en manifeste plus d’horreur que de crainte pour Marie-Antoinette qui avait encore toute la coupe à boire… Mais il a copié ces mots du Journal de Marie-Antoinette les derniers presque de la Reine à lui Fersen : « Adieu, mon cœur est tout à vous. » (Écriture même de la Reine.)

J’ai lu dans Octave Aubry que ses pertes étant grandes, elle alla au supplice avec une tache énorme au bas des reins. Se put-il que nul ne lui jetât dans la charrette un châle pour cacher l’impudeur ?

Fersen apprit sa mort à Bruxelles quatre jours après l’exécution. Dans son journal, il n’aura plus qu’un cri : « Je ne pense plus qu’à elle. Plus je vais, plus je la regrette ! »

Fersen fut massacré lui aussi par la populace de Suède, dix-sept ans après Marie-Antoinette.

Quant à l’affreux soupçon, Fersen ayant passé la nuit tragique, la dernière, à Versailles avec les malheureux souverains, comment ne pas rejeter le soupçon avec dégoût ? Tout était fini, ils se concertaient éperdus. Stoïque elle acceptait le sort lugubre. N’avait-elle pas tenu à paraître au balcon avec sa famille devant la foule hurlante.

Et quant à Fersen grand seigneur gâté des femmes,