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ÉPOUX
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Et puis le décharger : assumer seule le robinet cassé, la clef qui n’ouvre plus la porte. Ne pas rapporter les embêtements. Respectez le pauvre repas des laborieux. Parlez-lui de son ami qui sort d’ici, qui croyait le trouver, qui a loué ses initiatives. Dites au cher mari que le tour de cou qu’il vous apporta hier vous a sauvée de l’angine ce matin sous la bise devant les fournisseurs. Dites ce qui lui fait du bien. Ne soyez pas sensationniste comme ceux qui ne vivent et pétillent qu’en apportant des nouvelles atroces.

S’il a un ennemi, un collègue pénible dans le service, dites, Madame, ce que vous savez si bien, dites ceci qui seul importe : « Puisque nous nous retrouverons le soir, tu sais bien, mon amour, qu’on ne peut rien nous faire. »

Et surtout s’il le peut,

emmenez-le plus loin que vous et lui. S’il a le soir son violon d’Ingres, son deuxième métier, s’il écrit ou s’il étudie et s’il aime la conversation d’idées, parlez-lui du livre qu’il vous pria de lire. Entrez dans le détail. Dites-lui par où vous éclaira telle image que vous avez relevée. Si l’œuvre était stérile demandez-lui que lire et vous, Monsieur, conseillez-lui, pour s’affermir, les moralistes, les sages, les héros, les grands oseurs sacrés, fondateurs d’ordres, les créateurs de tout genre, tout sauf les amuseurs et les voluptuosistes, comme dit Baudelaire, et je dis : ces limaces qui nous engluent dans leur paresse.