Page:Austen - La Famille Elliot T1.djvu/179

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elle était bien aise à présent de n’avoir pu être arbitre entre sa sœur et son beau-frère, sur l’amour de Frederich. Cependant, toujours sage, raisonnable, Alice aurait désiré de bonne foi qu’il se décidât pour l’une ou l’autre des deux sœurs, plutôt que de leur faire courir le danger, en partageant ses attentions, de s’attacher à lui ; elle sentait trop elle-même combien une femme est malheureuse lorsqu’elle se livre à un penchant qui n’est plus partagé, pour ne pas désirer qu’elles en fussent préservées. L’espèce d’hommage qu’il leur rendait n’empêchait pas Alice de leur rendre justice ; elle croyait que toutes deux, quand l’âge de la frivolité serait passé, pouvaient devenir d’excellentes femmes, et faire le bonheur de son cher Frederich. Henriette plus douce, plus sensible, lui plaisait davantage ; mais Louisa méritait aussi qu’on l’aimât ; sa gaîté, sa vivacité convenaient assez bien à Wentworth ; et d’ailleurs si Henriette avait donné des espérances à son cousin, Alice avait trop de délicatesse pour ne pas la blâmer d’un aussi prompt changement, et trop de sensibilité pour ne pas compatir aux souffrances de George. Mais si Henriette s’était trompée elle-