prit que de sentiment. Elle ne pouvait que trop comprendre ceux de cette jeune fille, et ne doutait pas qu’elle ne s’attachât fortement à l’homme aimable et sensible qui lui tenait des propos si flatteurs. Quant à elle-même, elle retenait sa respiration, de peur d’être entendue. Louisa prit enfin la parole : « Henriette, dit-elle, est en effet d’un caractère assez faible, et se laisse dominer par ma belle-sœur, qui méprise les Hayter, parce qu’ils ne sont pas très-riches, et vivent en simples campagnards. Maria me contrarie sans cesse, par sa déraison et son orgueil ; l’orgueil Elliot : (vous savez que ce mot a passé en proverbe dans ce comté) ; elle tient un peu trop de cette famille sottement orgueilleuse ; Alice seule peut être exceptée. Nous désirions tous que Charles épousât plutôt Alice ; je suppose que vous savez qu’il l’a demandée ? »
Après une pause, le capitaine dit :
« Est-ce qu’elle l’a refusé ?
— Oh oui, certainement !
— Quand est-ce que cela est arrivé ?
— Je ne le sais pas précisément ; Henriette et moi nous étions alors dans un pensionnat, mais je crois que c’était une année avant qu’il épousât Maria. Combien je voudrais qu’elle