Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/19

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tion. Elisabeth fut blessée de l’indifférence que ces dames montroient. En revanche elle remarqua que Mr. Bingley avoit une véritable inquiétude sur sa sœur. Il étoit absorbé et distrait. Mr. Darcy étoit occupé de la conversation de miss Bingley, à côté de laquelle il étoit assis. Mr. Hurst qui étoit auprès d’Elisabeth étoit un homme tout matériel, qui ne savoit que manger, boire et jouer, ensorte qu’elle trouva le dîner long. En sortant de table, elle rentra immédiatement dans l’appartement de sa sœur ; et miss Bingley se mit à en dire du mal. « Cette petite personne, „ dit-elle, “ est un mélange d’orgueil et d’impertinence. Elle n’a ni beauté, ni manières, ni conversation. Mad. Hurst convint de tout cela, puis elle ajouta : „ elle a pourtant une qualité : elle est bonne marcheuse. Mon Dieu quelle drôle de mine elle avoit quand elle est arrivée ce matin. Avez-vous vu son air effaré. Je proteste qu’elle avoit l’air d’une folle. »

“ Vous avez raison, Louise, exactement l’air d’une folle avec ses cheveux ébouriffés. »

“ Et sa jupe donc ! avec un demi pied de crotte, un bon demi pied, j’en suis sûre. Et puis sa robe par dessus qui ne cachoit rien. »

“ Ma foi, » dit Bingley, “ vous avez fait là,