Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chapitre 39


Ce fut dans la seconde semaine de mai, que les trois demoiselles partirent ensemble de la rue Grace-Church pour se rendre à la ville de…, dans Herfordshire ; comme elles approchaient de l’hôtel où se devait trouver la voiture de M. Bennet, elles aperçurent, preuve certaine de l’exactitude du cocher, Kitty et Lydia à l’une des fenêtres du premier étage : ces deux jeunes personnes les attendaient depuis plus d’une heure, et avaient été heureusement occupées à visiter un magasin de modes qui se trouvait vis-à-vis, à regarder la sentinelle de faction, et à assaisonner une salade de concombres.

Après avoir souhaité le bonjour à leurs sœurs, elles montrèrent d’un air triomphant une table couverte de ces viandes froides, qu’offre d’ordinaire l’office d’une auberge, et s’écrièrent : « Tenez, voyez-vous ! voilà, je l’espère, une surprise agréable.

— Et nous comptons vous régaler toutes trois, mais, ajouta Lydia, il faut que vous nous prêtiez de l’argent, car nous venons de dépenser le nôtre dans ce magasin. » Alors, montrant les emplettes : « Regardez, j’ai acheté un chapeau ; il n’est pas fort joli, mais j’ai pensé que je ferais bien de le prendre : dès que nous serons à la maison, je le déferai, et je verrai si je puis le mieux arranger. »

Et comme ses sœurs lui dirent qu’il était affreux, elle ajouta d un air indifférent : « Oh ! mais il y en avait deux ou trois bien plus laids dans le magasin, et quand j’y aurai mis un autre ruban il sera passable ; d’ailleurs, peu importe