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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/237

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chapitre 41


La première semaine de leur retour à Longbourn s’écoula rapidement ; la seconde commençait, et le lundi suivant devait voir partir le régiment de… Toutes les demoiselles de Meryton et des environs étaient inconsolables ; la désolation enfin fut presque générale. Les deux aînées de la famille Bennet étaient les seules qui pussent encore boire, manger, dormir, et suivre leurs occupations ordinaires. Souvent on leur reprochait cette étonnante indifférence : Kitty et Lydia surtout, dont la douleur était extrême, ne pouvaient comprendre le peu de sensibilité de leurs sœurs.

« Ô ciel ! qu’allons-nous devenir ? Comment passer notre temps ? répétaient-elles souvent dans l’excès de leur douleur. Ô Lizzy, se peut-il que vous ayez un air si riant ! » Ce chagrin si affreux était vivement partagé par leur tendre mère ; elle se rappelait encore ce qu’elle avait souffert elle-même dans une occasion semblable, bien que vingt-cinq années se fussent écoulées depuis.

« Je suis sûre, disait-elle, que je pleurai pendant plus de deux jours lorsque le régiment du colonel Millar quitta Meryton : j’ai cru que j’en mourrais de chagrin.

— Quant à moi, je n’y survivrai pas, dit Lydia.

— Si seulement nous pouvions aller à Brighton reprit Mme Bennet.

— Oh ! oui, si nous pouvions aller à Brighton, mais papa est si désagréable !

— Quelques bains de mer me rétabliraient parfaitement.