Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/299

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chapitre 48


Toute la famille espérait recevoir, le lendemain, une lettre de M. Bennet, mais leur espoir fut déçu, car la poste vint, et n’apporta pas un seul mot de lui. Ses enfants savaient que, d’ordinaire, il était un correspondant fort négligent. Toutefois elles avaient espéré que, dans une circonstance aussi grave, il mettrait un peu plus d’exactitude. Elles furent donc forcées d’en conclure qu’il n’avait aucune bonne nouvelle à leur donner, mais encore auraient-elles été fort aises d’en avoir l’assurance.

M. Gardener n’avait attendu que l’arrivée du courrier pour se mettre en route.

Quand il fut parti, la famille Bennet trouva quelque consolation à songer que les moindres nouvelles sur l’affaire qui les intéressait leur seraient du moins exactement communiquées. Il promit, en partant, d’engager M. Bennet à retourner à Longbourn aussitôt que possible ; promesse fort agréable pour Mme Bennet, qui regardait ce retour comme le seul expédient qui pût empêcher son mari d’être tué en duel.

Mme Gardener et ses enfants devaient rester encore quelques jours dans Herfordshire, cette première pensant que sa présence pouvait être utile à ses nièces. Elle partageait avec elles les soins sans nombre qu’exigeait Mme Bennet, et sa société leur était une grande consolation dans leurs moments de loisir. L’autre tante les visitait aussi très fréquemment, et toujours, disait-elle, avec le désir de les consoler, quoique ses discours fussent bien peu propres à cela, car jamais elle ne venait sans leur raconter quelque preuve nouvelle de la prodigalité, de la mauvaise conduite