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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/309

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— Si vous n’êtes pas en ce moment disposé à écrire, dit Hélen, laissez-moi le faire pour vous.

— Je n’y suis guère disposé, mais enfin il faut que cela se fasse. »

Et alors retournant sur ses pas, il reprit avec ses filles le chemin de la maison.

« Oserai-je vous demander si…, dit Élisabeth, mais je présume que les conditions doivent être acceptées ?

— Acceptées ! sans doute, je suis même confus qu’on m’en fasse d’aussi faciles !

— Leur mariage est donc indispensable ? Cependant Wickham est un si mauvais sujet !

— Oui, oui leur mariage est indispensable ; le moyen de l’éviter ? Mais il y a deux choses que je désire fort savoir : la première, combien d’argent votre oncle a dépensé pour terminer cette affaire, et secondement comment je m’acquitterai envers lui.

— De l’argent ! mon oncle ! s’écria Hélen, que voulez-vous dire, papa ?

— Je veux dire qu’aucun homme, à moins qu’il n’ait perdu l’esprit, n’épouserait Lydia pour un si modique avantage que cent guinées de rente durant ma vie et cinquante après ma mort.

— Cela est vrai, dit Élisabeth, je n’y avais pas encore songé. Les dettes de Wickham seront payées, il lui restera encore quelque argent. Oh oui ! voilà sans doute l’ouvrage de mon oncle, mais je crains qu’il ne se soit mis dans l’embarras, car une petite somme n’aurait pu suffire à tout cela.

— Non, dit son père, Wickham est un imbécile s’il la prend avec un liard de moins que dix mille livres sterling ; je serais vraiment fâché d’avoir une si pauvre idée de lui, maintenant qu’il va devenir mon gendre.

— Dix mille livres sterling ! le ciel nous en préserve ! Comment payer même la moitié de cette somme ? »

M. Bennet ne répondit point, et tous trois, fort occupés de leurs réflexions, gagnèrent en silence le vestibule ; là ils se séparèrent, le père se rendit à son cabinet, les deux sœurs au salon.