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La bibliothèque libre.
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« Préférez-vous la lecture au jeu ? dit-il, cela est singulier.

— Mlle Élisa Bennet, dit miss Bingley, méprise le jeu ; elle est grand lecteur et ne se plaît à nulle autre chose.

— Je ne mérite ni cet éloge ni ce blâme, mademoiselle, je n’aime pas excessivement la lecture, et je trouve du plaisir dans beaucoup d’autres occupations.

— Je suis bien persuadé que vous en trouvez à soigner votre sœur, dit Bingley, et j’espère que vous serez bientôt satisfaite en la voyant parfaitement rétablie. »

Élisabeth le remercia de bon cœur, puis s’avança vers une table où étaient quelques livres. Il lui offrit d’en aller chercher d’autres, sa bibliothèque, dit-il, était entièrement à son service :

« Et je désirerais qu’elle fût plus nombreuse pour votre amusement, comme pour mon honneur ; mais je suis un paresseux et, quoique j’aie peu de livres, j’en ai plus que je n’en lis. »

Élisabeth l’assura que celui qu’elle tenait lui convenait parfaitement.

« Je suis étonnée, dit Mlle Bingley, que mon père ait laissé une bibliothèque si peu considérable. Vous en avez une délicieuse à Pemberley, monsieur Darcy ?

— Elle doit être bonne, répondit-il, c’est l’ouvrage de plusieurs générations.

— Et vous l’avez tant augmentée ! Vous êtes toujours à acheter des livres.

— Je ne comprends pas qu’on puisse maintenant négliger une bibliothèque de famille.

— Négliger ! je suis sûre que vous ne négligez rien qui puisse ajouter aux beautés de cette demeure. Charles, quand vous bâtirez votre maison, je souhaite qu’elle soit à moitié aussi agréable que Pemberley.

— Je le souhaite aussi.

— Mais je vous conseillerai d’acheter une terre dans ce voisinage et de prendre Pemberley pour modèle.

— De tout mon cœur ; je suis même fort disposé à acheter Pemberley si Darcy veut me le vendre.