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Page:Austen - Persuasion.djvu/56

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faisait plaisir qu’à elle-même. Excepté pendant une courte période de sa vie, elle n’avait jamais, depuis la mort de sa mère chérie, connu le bonheur d’être écoutée et encouragée. Elle y était accoutumée, et la partialité de M. et Mme Musgrove pour leurs filles, loin de la vexer, lui faisait plutôt plaisir, à cause de l’amitié qu’elle leur portait.

Quelques personnes augmentaient parfois le cercle de Great-House. Il y avait peu de voisins, mais les Musgrove voyaient tout le monde, et avaient plus de dîners et de visites qu’aucune autre famille. Ils étaient très populaires.

Les jeunes filles aimaient passionnément la danse, et les soirées se terminaient souvent par un petit bal improvisé. À quelques minutes d’Uppercross habitait une famille de cousins, moins riches, qui recevaient tous leurs plaisirs des Musgrove. Ils venaient n’importe quand, organisaient un jeu ou un bal à l’improviste, et Anna, qui préférait à un rôle plus actif s’asseoir au piano, leur jouait des danses de village pendant une heure de suite, obligeance qui attirait sur son talent musical l’attention des Musgrove, et lui valait souvent ce compliment : « Très bien, miss Anna, très bien, vraiment. Bonté du ciel ! Comme vos petits doigts courent sur le piano ! »