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Page:Austen - Persuasion.djvu/68

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Elle alla frapper à la porte de son mari, et Anna l’entendit dire d’un ton joyeux :

« Je vais avec vous, Charles, car je ne suis pas plus nécessaire que vous ici. Si je m’enfermais toujours avec l’enfant, je n’aurais aucune influence sur lui. Anna restera : elle se charge d’en prendre soin. Elle me l’a proposé elle-même. Ainsi, je vais avec vous, ce qui sera beaucoup mieux, car je n’ai pas dîné à Great-House depuis mardi.

— Anna est bien bonne, répondit son mari, je suis fort content que vous y alliez. Mais n’est-il pas bien dur de la laisser seule à la maison pour garder notre enfant malade ? »

Anna put alors plaider sa propre cause ; elle le fit de manière à ne lui laisser aucun scrupule. Charles tâcha d’obtenir, mais en vain, qu’elle vînt les rejoindre le soir. Bientôt elle eut le plaisir de les voir partir contents, quelque peu motivé que fût leur bonheur. Quant à elle, elle éprouvait autant de contentement qu’il lui était donné d’en avoir jamais. Elle se savait indispensable à l’enfant, et que lui importait que Frédéric Wenvorth se rendît agréable aux autres, à une demi-lieue de là ?

Elle se demandait s’il envisageait cette rencontre avec indifférence, ou avec déplaisir. S’il avait désiré