Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chagrin de me voir malheureuse. Je travaillais en silence, pendant que cet événement était un secret pour tout le monde, excepté pour moi seule, à le supporter avec courage quand il éclaterait. Ce moment est arrivé, et je vous assure que je puis en parler à présent sans trop d’émotion. Je vous conjure donc, chère Maria, de ne pas souffrir pour moi plus que je ne souffre moi-même. Ne comparez pas votre malheur au mien ; ils n’ont pas plus de rapports que nos caractères. Je perds plus que vous peut-être en perdant Edward, mais j’ai plusieurs motifs de consolation que vous n’aviez pas. Je puis encore estimer Edward, et je le justifie de tout tort essentiel ; je désire son bonheur et je l’espère, quoiqu’il n’ait pas peut-être, la compagne qui lui aurait convenu,