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LA VIE RURALE.


Si ce n’est parmi les forêts lointaines,
Sous la profondeur des arceaux fleuris ;
Si ce n’est au bord des claires fontaines,
Pour l’âme blessée il n’est plus d’abris.

De cœurs purs alors cherchant ce qui reste,
Pour eux tu reprends tes attraits connus,
Ô muse rustique, ô chanteuse agreste
Qui dans nos prés verts marches les pieds nus.
Tes yeux ont encor leur douce magie ;
Le sourire aux pleurs s’y mêle toujours ;
De la chanson folle ou de l’élégie
Tu fais, à ton gré, le chant des amours.

Le front ceint d’épis, légère tu passes
Le long des blés mûrs, et, comme autrefois.
On voit en cortége aller sur tes traces
Les pâtres mêlés au nymphes des bois.

Et tu viens l’asseoir sous les aubépines ;
Et, charmant au loin bergers et troupeaux,
Tu jettes au vent des tièdes collines,
Tu jettes les sons de tes frais pipeaux.