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Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/76

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HOSPITALITÉ.


La voilà qui s’arrête, et, brusque et familière,
Orne ses longs cheveux de quelque brin de lierre.
Le classique rêveur, éperdu cette fois,
Pense voir face à face une nymphe des bois :
« Est-ce vous, ô Daphné, blonde enfant de la Grèce ?
Ou bien vous nomme-t-on Diane chasseresse ?
Ce rocher vaut le Pinde, et vous êtes la sœur
De ces êtres divins qu’adorait le chasseur ! »
Faut-il passer un gué, franchir une broussaille ?
Il n’est pas de chevreuil si léger qui la vaille ;
Si bien que moi, tardif, qui la suis pas à pas,
Je l’admire à distance… et ne l’imite pas.
« Eh bien, dit la rieuse, à qui sied l’ironie,
À quoi rêve ce soir votre austère génie ?
Me laisserez-vous seule, affrontant ces déserts ?
Marchez d’un pas plus leste… et dites-moi vos vers ! »

La nuit vient cependant ; déjà l’étoile brille :
Il convient de rentrer sous le toit de famille.
L’aïeule en cheveux blancs qui garde le salon
A compté le retard, le trouvant déjà long.
Nous rentrons. D’une main savante à chaque chose,
Elle arrange en bouquets les fleurs que je dépose,
Cherche, compare, assemble, entrelace avec art