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Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/165

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La voile s’enfle, on part : l’écume en flocons blancs
S’ouvre au vaisseau rapide, elle sonne à ses flancs,
Et, dans l’air du matin, le pilote à la poupe
Offre aux dieux éternels tout le vin d’une coupe !

Puis c’était chaque lieu qu’on salue en passant,
Les îles et les caps au matin blanchissant,
Les cités : voici Cume, ou Samos, ville sainte,
Voici Gnosse, ou Corcyre, ou la verte Zacinthe.

Enfin du noble Ulysse, aimé de Calypso,
Il chanta les douleurs et l’indigent vaisseau :
« Seul, sur ce bois flottant, qu’il mène avec sagesse.
Ulysse avait quitté l’île de la déesse.
Quels cieux pour l’exilé, quel toit vaudrait le sien ?
Vers le rivage ami d’un roi phéacien
Il navigue d’abord. Déjà, terre fleurie,
Se montre sur la mer la riante Schérie :
Ses montagnes au loin grandissent lentement.
Il y touchait bientôt. Neptune, à ce moment,
Sur son frêle radeau vit le fils de Laërte.
Neptune dès longtemps s’acharnait à sa perte.
De sa main redoutable il saisit le trident,
Il en frappe la mer et, tout à coup, grondant