Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/11

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avortons un assortiment des pieces requises à un poëme parfait, et qui coulle d’une veine foisonnante en conceptions, grosse des trésors d’une longue et laborieuse estude.

Le deuxiesme poinct regarde ces âmes chagrines, tetriques et mauplaisantes, que Jupiter ny Venus ne veirent jamais que d’un aspect d’opposition. Je sçay bien que tels esprits petris des excremens de Saturne, se renfroigneront à la catonienne, si leurs yeux de hibou se daignent jetter icy sur quelques epigrames un peu libres, et qui sentent leur mardy-gras, mais je diray à ces pisse-vinaigre que chaque peinture veut son jour, et que ces mots de gueulle ne pouvoient mieux prendre scéance qu’au prez de la satyre. Puis ut fœdis animantibus scite effictis delectamur, ita pœsi, quia est rerum adumbratio, etiam mala rectè efficta delectant.

Le troisiesme poinct respondra à ceux qui blâmeront l’ordre desordonné de ces ouvrages, en ce que j’arrange en mesme table le sérieux Jupiter et Mome le facétieux, la douillette Venus et Pallas la guerrière ; sçachent donc ces libres censeurs, que les intermèdes ont de la biensceance aux tragedies, et qu’aux plus somptueux bancquets les ragoust et sallades ont leur place près les viandes plus solides : joinct que les doctes en sçavent assez que satyra quasi satura dici videtur, pour la variété tant des vers que des choses qui s’y traitent, quelques-uns empruntent l’invention de la satyre, a satyra lance, quœ referta multis variisque primiitiis