Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/26

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Heureux quand un David, un sage Salomon,
Un juste Josias gouvernoyent le timon
De sa nef fortunée, et quand ces deux pucelles.
Justice et pieté, ces germaines jumelles,
Ces tindarides feux luysoient sur son vaisseau
Et fendoyent devant luy les enfleures de l’eau.

L’indiscret n’eut si tost ces vierges mesprisées.
Qu’il a servy de butte et de blanc aux risées.
Des peuples ses voisins : Et bien, ce disoient-ils,
L’invincible vainqueur est vaincu des gentils ?
Cet Isaac, ce Jacob, qui faisoit tant du brave
A rencontré son maistre et se void ore esclave,
Tributaire vassal, soumis au joug des lois
De ceux qui adoroyent sa grandeur autrefois ?

Enfin, l’on ne doit croire à quelques phrenetiques
Qui la subversion des grandes republiques
Ozent attribuer aux revolutions
Des orbes principaux. Ce sont les fictions
D’un esprit demanché qui donne à la nature
Un absolu pouvoir sur toute creature.
Pour moy, je ne croy point que tant qu’un roy craindra
Le roy de l’univers, que son peuple tiendra
Le sentier ja battu par ses illustres pères,
Qu’il ne dispersera ses faveurs debonnaires
Qu’aux cervelles de choix, et que ses tribunaux
Ne seront occupez par des juges vénaux,
Je ne croy, dis-je, point que son sceptre périsse
Ny que le temps jamais la gloire en abolisse.